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Première séance chez la psychologue pour Alice

Jeudi dernier j'ai emmené Alice pour la première fois chez une psychologue. J'avais les coordonnées de cette dernière sous le coude depuis plus d'un an ; j'ai fini par sauter le pas devant l'ampleur des crises de rage et des nuits pourries qui ont accompagné la rentrée scolaire. Elle a toujours été colérique avec un caractère difficile, mais là ce n'était plus gérable : refus d'obéir, insolence, colères soudaines avec tapes, coups de pied voire claques ; réveils nocturnes avec parfois refus de se recoucher (une nuit elle a balancé son marchepied dans le nez de son père qui l'a empoignée en serrant les dents ; j'ai cru qu'il allait lui mettre une claque :S). Il faut ajouter à tout cela que les séparations sont difficiles quand je l'emmène à la garderie, qu'elle a beaucoup de mal à se mêler aux autres enfants ce qui est source d'inquiétude pour moi, que B. a complètement arrêté de m'aider à la maison et met les pieds sous la table quand il rentre du boulot, que mon boulot à moi se passe mal (je suis d'ailleurs en arrêt depuis 15 jours), que ma mère me gave avec ses réflexions de merde, que je dois gérer toute seule mes rendez-vous médicaux et ceux d'Alice sur mon seul jour de repos hebdomadaire en essayant de ne pas trop lui faire louper l'école (ORL, kiné, psy, audioprothésiste, ophtalmo, dermato, ergothérapeute et bientôt orthophoniste... B. bosse du lundi au vendredi et je ne peux pas prendre d'heures sur mon boulot vu la connerie de mon patron, donc démerde-toi Barbara).... bref je suis au bord du burn-out et j'ai clairement besoin d'aide au moins pour calmer Alice.

 

Par contre en-dehors des crises c'est une petite fille calme, câline, qui obéit et tout... C'est comme si elle était double :S

 

La première chose que j'ai remarquée en entrant dans le cabinet de la psy, c'est la boîte de mouchoirs. Le cabinet se divise en deux parties : la première avec son bureau et un fauteuil (pour les consultations adultes je suppose) et la seconde partie avec une table, plusieurs fauteuils et des jouets (pour les consultations enfants). Nous nous sommes donc installées là. J'ai halluciné de voir comment Alice répondait bien aux questions ; j'avais l'impression qu'elle avait grandi d'un coup. Elle lui a dit qu'elle avait un frère, qu'il avait 5 ans et qu'elle ne savait pas comment il s'appelait. Elle n'a pas su lui dire comment s'appelaient ses copains d'école, et je pense que c'est tout ça qui a commencé à fissurer ma carapace : quand j'ai expliqué à la psy que B. avait deux enfants d'un premier mariage qu'Alice ne connaissait pas, je me suis effondrée. Plus je pleurais plus ça coulait ; ça m'énervait de pleurer devant Alice, surtout pour deux grands machins mutiques que B. a comparés à Alice en les faisant passer pour des anges sages et elle pour une petite fille colérique et insupportable, mais une fois les vannes ouvertes c'est très compliqué pour moi de les refermer.

 

La psy a expliqué à Alice que je ne pleurais pas à cause d'elle. Alice est venue sur mes genoux et m'a fait un câlin en me disant « Ca va aller » à voix basse (j'ai les larmes aux yeux rien que de l'écrire, damn).

 

La psy m'a dit que quand il y a des sujets tabous ou des zones floues dans la vie d'un enfant, ce dernier va combler les blancs, parfois en s'inventant une histoire encore plus grave que la réalité. J'ai donc compris qu'il faut absolument que B. lui parle de ses frère et sœur (ça me fait bien mal au cul de les appeler comme ça vu qu'elle ne les verra jamais et qu'ils n'en ont rien à battre d'elle, mais bon d'un point de vue technique ils sont frère et sœurs) ; et de mon côté il va falloir que je lui parle de mon père. Putain ça va être dur :'-(((

 

Sinon elle a observé le comportement d'Alice et m'a dit que son agressivité peut être liée à sa surdité ; les enfants sourds ou malentendants sont souvent plus énervés et/ou impatients que les entendants, car ils ont un handicap à compenser. Alice porte un appareil auditif depuis 1 mois, elle entend donc des sons qu'elle n'entendait pas depuis 3 ans et demi ce qui peut être une source de stress. La psy a constaté qu'elle coupait souvent la parole et qu'elle levait les yeux au ciel quand un mot avait du mal à sortir (elle bégaye et s'énerve parfois à cause de ça depuis cet été). Elle m'a donc conseillé de retourner voir l'orthophoniste. Elle aimerait que B. soit présent lors d'une prochaine séance ; vu ses disponibilités ça va être compliqué m'enfin on va essayer... « Vous faites des consultations le dimanche ?? »

 

Cet après-midi Alice m'a demandé « pourquoi tu as pleuré chez la dame ? » ; j'ai essayé de le lui expliquer posément, sans pleurer. Les yeux ont un peu piqué mais j'ai tenu bon. Je me suis rendue compte d'un truc : quand je pleure chez un professionnel de santé en discutant, c'est plutôt bon signe, cela signifie que je me sens en confiance. Chez mon médecin traitant, j'ai pleuré. Chez l'hypnothérapeute, j'ai pleuré. Chez la psy d'Alice, j'ai pleuré. Or ce sont des personnes que j'ai senties bienveillantes et prêtes à m'aider. En revanche, chez les deux psychologues que j'ai consultées pour moi (l'une pour les tests de QI / TSA, l'autre pour travailler sur mon anxiété), j'ai évoqué l'alcoolisme de ma mère avec un ton détaché. Or ce sont des personnes à qui je n'avais vraiment aucune envie de me confier. J'ai donc bien fait d'arrêter les séances chez la deuxième psy ; elle était très gentille mais elle ne me convenait pas. Et à cinquante balles la séance non remboursée, ça fait cher la thérapie inutile. Il faut donc que je me mette en quête d'une psy chez qui je vais vider le paquet de Kleenex, même si je n'aime pas ça.

 

On retourne voir la psy d'Alice la semaine prochaine; j'aimerais travailler sur les séparations difficiles au coucher et à la garderie car cela devient très compliqué à gérer et je ne sais plus comment la rassurer. Je pense qu'au final B. et moi allons être autant analysés que notre fille. ^^

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