Avant d'être maman, j'ai lu de multiples fois des phrases toutes faites du style : « Le jour où j'ai accouché, j'ai compris le sens de ma vie », ou encore : « Quand j'ai vu mon bébé, ça a été un coup de foudre immédiat, je l'ai aimé instantanément », etc.

Tant que ces conneries auront droit de cité, les cabinets de psy seront pleins de jeunes mamans victimes de dépressions post partum...

Je m'explique : le coup de foudre avec bébé, c'est dans les films. Je ne prends pas mon cas pour une généralité, mais vu le nombre de mamans qui disent qu'elles ont déprimé parce qu'elles pensaient « l'aimer plus que ça », je ne pense pas être une exception...

Pour être clair : quand on te pose bébé sur le ventre, bien sûr que c'est émouvant. Je n'ai pas pleuré, mais je n'ai pas pu parler non plus pendant quelques secondes. Je me suis dit : « Alors oui, j'avais vraiment ça dans mon ventre, c'est vivant, c'est un vrai bébé ». Mais ce bébé est un inconnu ; maman est aussi une inconnue pour lui, même s'il reconnaît sa voix et se sent instinctivement attiré par son odeur. Ne pas oublier qu'une naissance est une RENCONTRE, et que comme toute rencontre, il faut apprendre à se connaître avant de s'apprécier et de s'aimer.

A l'heure où j'écris ce post, ma fille a 3 mois et demi, et je l'aime plus tout. Je pourrais donner ma vie pour elle et j'aimerais tellement avoir mal à sa place quand elle souffre de coliques ou de reflux gastro-oesophagien. Le peu de fois où je m'éloigne d'elle pendant quelques heures, elle me manque terriblement. Bref, je l'aime de manière viscérale. Mais ce lien d'amour s'est construit (et se construit toujours) au fil du temps ; il n'y a rien de magique et il n'y a non plus d'évidence instantanée ! J'apprends à connaître ma fille chaque jour, et réciproquement. Il n'y a rien de plus normal...

Le problème, c'est que le phénomène de la naissance est tellement « gnan-gnan tisé », que certaines jeunes mamans qui viennent d'accoucher ne comprennent pas pourquoi elles ne ressentent pas un tsunami d'Amour maternel à la seconde où leur bébé naît. Résultat, elles culpabilisent. « Le jour où j'ai accouché, j'ai donné un sens à ma vie ». Mon zob, moi j'ai surtout donné un sens au mot « douleur » ;-)

La seule personne que j'ai entendue tenir ce discours, c'est la gynécologue-obstétricienne Amina Yamgnane -je crois que j'étais enceinte à ce moment-là, d'ailleurs. Elle a une façon très « carrée » de parler de la grossesse et de l'accouchement, sans pour autant tomber dans le glacial. Elle disait qu'il fallait absolument déculpabiliser les mamans qui n'ont pas le coup de foudre pour leur bébé, que c'était tout à fait normal. J'y ai repensé à la maternité et du coup j'étais sereine sur ce plan-là (j'avais déjà assez de la fatigue ! lol)

Alors toi qui t'apprêtes à donner naissance à ton premier enfant, pas de panique, tu l'aimeras par-dessus tout ! Il faut juste être patiente...