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L'enfant et ses émotions à gérer

Depuis quelques années, et c'est heureux, il y a de plus en plus d'ouvrages consacrés aux émotions de l'enfant. Du coup, de plus en plus de parents s'y intéressent et prennent en compte ces émotions dans leur manière de s'occuper de leur progéniture.

Plusieurs personnes m'ont conseillé le fameux "Au coeur des émotions de l'enfant" d'Isabelle Filliozat, que je suis en train de lire. Une collègue m'a également conseillé "Mes émotions" de Aurélie Chien Chow Chine ; ce dernier livre comprend une roue des émotions où l'enfant peut sélectionner son émotion du moment avec la flèche.

 

Je n'ai pas encore tout à fait terminé le livre d'Isabelle Filliozat (je suis rendue au chapitre consacré à la tristesse) ; je ne suis pas d'accord avec toutes ses idées mais globalement, j'adhère plutôt au principe général. Nous portons tous, de manière inconsciente, des émotions de nos parents, et nous transmettons à notre tour nos émotions à nos enfants. Ce sont parfois des fardeaux. J'ai parfaitement conscience qu'il y a eu des non-dits et des choses pas très saines entre mes deux parents et leurs parents respectifs. Du côté paternel ce sont des gens un peu étranges, qui ont un souci avec l'hygiène corporelle. Mon père était un pervers narcissique, traumatisé par je ne sais quoi venant de son père. Avec moi il a d'abord été défaillant, avant de m'humilier pendant des années (j'étais une grosse dondon empotée avec un caractère impossible et aucun humour). J'ai coupé les ponts avec lui quand j'avais 19 ans, et je ne veux jamais le revoir. L'un de ses frères est autiste, mais n'a jamais été diagnostiqué comme tel car tout le monde est parti du principe qu'il était neuneu. Il se trouve que je suis autiste aussi (certainement Asperger mais je n'ai rendez-vous que dans 1 an avec un psychiatre pour confirmer), donc le miroir de son frère "neuneu". Je suppose que son comportement avec moi découle directement de ce qu'il a reçu de sa famille.

Du côté maternel, il y a aussi beaucoup de zones d'ombre. Ma mère aurait dû avoir un petit frère ou une petite soeur, mais ce bébé est mort à 7 mois de grossesse dans le ventre de ma grand-mère. A l'époque il n'y avait pas d'échographie, pas de sépulture ni rien, donc cet enfant fantôme n'a officiellement jamais existé. Ma mère m'a dit une fois que ce drame avait changé à jamais sa relation avec sa mère. Je suis convaincue qu'il est également à l'origine de son alcoolisme.

 

J'ai donc grandi avec une mère dépressive et alcoolique (je suis fille unique donc je vivais seule avec elle). Je n'ai pas de souvenir de ma mère étant gaie quand j'étais petite. Je vous laisse imaginer toutes les émotions négatives que j'ai absorbées pendant des années et des années (ma mère a bu pendant 25 ans et a failli mourir deux fois ; elle a arrêté quand j'avais 33 ans). Elle n'était pas encore sortie d'affaire quand ma fille était bébé. Alice m'a donc vue pleurer, m'inquiéter, péter les plombs, stresser à cause de ma mère et de la peur de la voir mourir. Je lui ai expliqué la situation quand elle avait 7 mois.

 

Pour finir, la père d'Alice a grandi dans une famille unie, mais ses parents se disputaient sans cesse pour des querelles de religion (sa mère était modérée alors que son père est intégriste ; ils ne fréquentaient pas la même église). Il a eu un premier mariage sans passion, et a eu des enfants qui n'ont jamais su (pu ?) exprimer leurs émotions. Je suis tombée amoureuse de lui alors qu'il m'avait caché qu'il était marié. Quand il a quitté sa femme (ils ont divorcé depuis), elle a monté leurs enfants contre lui, et depuis la naissance d'Alice, sa fille aînée ne lui adresse plus la parole. Je sais qu'il en souffre. Je ne peux pas m'empêcher de me dire qu'inconsciemment, Alice pense que c'est de sa faute. Son papa a eu tendance à la comparer à ses aînés, ce qui m'exaspérait prodigieusement (EUX ils ont toujours été sages, EUX ils n'ont jamais fait de colère, etc etc le truc supra énervant). La pauvrette porte donc un sacré fardeau ; ses colères fréquentes et assez violentes qu'elle fait depuis l'âge de 16 mois sont très certainement liées à son (notre) histoire. Bien évidemment ni son père ni moi ne voulions lui transmettre nos névroses, mais le cerveau humain et son inconscient sont tellement complexes qu'on ne fait pas toujours ce qu'on veut...

 

J'essaie d'être à l'écoute de ses émotions ; quand elle pleure lors de la séparation le matin à l'école, je  verbalise en lui disant "tu as envie de rester avec maman. Je comprends". Depuis qu'elle est scolarisée, il y a forcément des choses qui remontent en moi : mon école maternelle était horrible ; je subissais du harcèlement scolaire et pour couronner le tout ça se passait tellement mal à la cantine que ma mère a fini par m'en retirer. J'ai donc dit à Alice que ce n'est pas parce que maman avait été dans une école avec des maîtresses méchantes et que la cantine se passait mal, qu'elle devait prendre en charge ces émotions. Maman dans son école c'est une chose, Alice dans son école c'en est une autre. En aucun cas elle n'est responsable. Bon j'imagine bien que cela ne résoud pas tout, mais si ça peut l'aider à se sentir bien dans ses baskets... Il faudra bien un jour que je lui parle de mon père, de ma mère et tout ça, mais je sens que je vais encore pleurer comme une madeleine et je ne veux pas la rendre triste :-(  J'aimerais également que mon compagnon lise le livre d'Isabelle Filliozat et parle à Alice de sa fille aînée, mais bon il n'est pas trop dans le délire des émotions et tout ça. Dommage...

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